L'ESMS Basket 40 : la meilleure attaque de NM2 ?
Montsoué, Sarraziet et Montgaillard. Ces trois tout petits villages landais sont coincés entre Dax, Mont-de-Marsan et Orthez et cumulent moins de 1500 habitants à eux trois. Pourtant, c'est là bas qu'on trouve l'ESMS Basket 40. Champion de France de Nationale 2 l'année passée pour la première fois de son histoire et vainqueur de la fameuse Coupe des Landes.
Le club à malheureusement décliné la promotion en NM1, comme l'a expliqué le président Serge Darbo. Malgré son titre, le club n'a pas les fonds nécessaires (son budget de 400.000€ doit être doublé pour monter), sa salle n'est pas homologuée et l'ESMS ne veut pas s'écarter de sa philosophie d'être représenté par des joueurs locaux. D'autant plus que le club landais a dû dire au revoir à son tacticien Arnold Bouazza et deux joueurs majeurs que sont Rémi Lesca et Romain Hillotte.

Pourtant, l'Élan souémontain montgaillardais sarraziétois n'a pas faibli sur l'exercice 2025/26. Actuel 3ème de sa poule, à une seule victoire de la première place, l'ESMS peut même se vanter d'être la meilleure attaque de sa division. Nous allons nous pencher sur l'attaque ultra efficace de l'équipe entraînée par Sébastien Juncaa.
1. La poule B
La poule B ou la poule Sud-Ouest est connue pour son sens du spectacle ; les matchs à 22h, les finales dans les arènes, la Coupe des Landes… Ce sens du spectacle, on le retrouve largement dans les résultats sportifs. Les équipes du Sud-Ouest sont les plus prolifiques de Nationale 2.

L'écart n'est pas colossal mais la poule B se démarque clairement par sa moyenne de points marqués par match qui approche de 82. Bien loin des poules du Nord qui ont une moyenne inférieure à 78.

Lorsque l'on prend en compte toutes les équipes de chaque poule, cette même tendance se dégage. Les équipes du Sud-Ouest sont plus performantes offensivement que le reste de la division.
2. L'effectif
L'ESMS 40 a un effectif très bien construit qui est rempli de joueurs de qualité. Gaylor Curier a le plus gros CV de l'équipe ; l'ailier de 1m97 formé à Pau est passé par plusieurs équipes professionnelles. Entre Orléans, Strasbourg, Lille ou Cholet, il a décidé de revenir dans le Sud-Ouest mais en Nationale 2 cette fois-ci. Dans la quatrième division française, le Champion de France 2014 est un enfer à défendre. Son profil physique (grand, longiligne, athlétique), technique (joueur de percussion, shooteur) et son expérience du plus haut niveau sont extrêmement rares en NM2.


Le géant de 2m10 Abdoulaye Ndoye est une pièce maîtresse de l'effectif et présente un CV exceptionnel pour la division : participation à la BAL, international sénégalais, ultra dominant lors de son passage en Espoir à Chalon, des saisons en D2 et D3 espagnoles. D'autres joueurs ont déjà foulé les parquets de divisions supérieures. Le meneur Clément Bats (formé à Challans, double projet NM3-NM1 la saison passée) et l'intérieur Jules Bravin (ancien espoir de Nanterre, une saison aux Sables en NM1). Pour compléter l'effectif, il y a plusieurs joueurs très installés en NM2. On pense à Mamadou Keita, ailier qui terrorise les défenses depuis presque une décennie. Le très solide Tichique Ditu Mona Samu est au club depuis 2022 et a connu quatre phases finales de Nationale 2. Le meneur David Jofresa est, quant à lui, présent depuis 2018 après avoir fait plusieurs saisons dans les divisions espagnoles.
Ainsi, l'ESMS a un effectif très large, un mélange de jeunesse et d'expérience et une dimension physique assez exceptionnelle. Cela peut, en grande partie, expliquer les performances offensives de l'équipe.
3. Offense
Comme expliqué auparavant, l'une des forces de l'ESMS, c'est sa dimension physique. Les intérieurs landais représentent une telle menace qu'ils attirent toute la défense dès qu'ils prennent leur position en bas. D'autant plus que leur profil est très complexe à gérer ; ce sont de bons poseurs d'écran, ils sont mobiles et athlétiques malgré leur gabarit et peuvent largement encaisser les coups au poste bas.

Ici, Jules Bravin reçoit la balle au poste haut et attire quatre défenseurs dans la raquette. Tous les joueurs de l'ASCH ont le regard tourné vers l'intérieur de l'ESMS.
Sur cette action, Jules Bravin va trouver David Jofresa (n°35) qui va couper dans le dos de la défense pour aller marquer.

Comme avec Jules Bravin, Tichique Ditu Mona est une menace sur le jeu d'écran et le jeu intérieur. Dans cette situation, il a reçu la balle dans le poste bas et a attiré quatre défenseurs qui sont presque tous dans la raquette.
Tichique rate son tir mais cela montre la polarisation créée par les intérieurs de l'ESMS.
Si on laisse trop de libertés aux intérieurs de l'ESMS 40, ils se feront un plaisir de prendre position dans la raquette pour aller finir proche du cercle. Cependant, si la défense décide d'envoyer un autre joueur en aide, les intérieurs landais ont largement la vision de jeu pour trouver leur coéquipier ouvert. Cette polarisation de la défense est plus que bénéfique aux extérieurs comme Gaylor Curier, Clément Bats ou David Jofresa qui ont une bonne capacité de tir.
Pour atteindre plus de 90 pts en moyenne par match, l'ESMS pousse le ballon et joue beaucoup de possessions. Les joueurs les plus habiles balle en main n'hésitent pas à jouer la contre-attaque à 100% et exploiter le sous-nombre défensif.


Cette capacité à jouer vite et à pousser la balle est possible grâce au placement et au déplacement des joueurs. Qu'on soit porteur ou non porteur, l'ESMS 40 joue la contre-attaque avec trois couloirs.
Dès qu'un joueur à prit le rebond, il doit pousser la balle dans le couloir central pendant que deux coéquipiers doivent occuper les couloirs latéraux.
L'objectif est simple : prendre de la vitesse, étirer la défense, aller marquer rapidement un panier à haut pourcentage.

Mamadou Keita est le joueur qui représente le mieux cette volonté de jouer vite et de pousser la balle. Ailier longiligne et athlétique, il utilise ses qualités en défense et en attaque.
Sur la photo, il chipe le ballon dans les mains de l'adversaire et va marquer seul. Lors de ce match face à l'ASCH, il a scoré 12 points sur jeu rapide en allant chercher ses paniers seuls.
4. Defense
L'ESMS n'est pas qu'une machine à scorer. L'équipe landaise défend fort pour récupérer des ballons et se projeter rapidement en contre-attaque. Comme expliqué auparavant, les intérieurs de l'équipe sont tous grands, longilignes, costaud et mobiles. Hormis Abdoulaye Ndoye, tous sont capables de défendre sur des joueurs plus petits et rapides. D'autant plus que les extérieurs que sont Jofresa, Bats et Darrieutort sont de bons défenseurs.


Ainsi, l'ESMS va souvent switcher sur les écrans mais va également utiliser le step-out comme le montre les deux photos. Ici, Théo Février et Tichique Ditu Mona peuvent largement sortir fort, parallèlement aux lignes de touches, pour forcer la mauvaise passe ou la perte de balle. C'est une défense risquée, qui ouvre de grands espaces mais lorsque c'est bien exécuté et que toute l'équipe est coordonnée, c'est très difficile à attaquer.

Lorsque les intérieurs moins mobiles sont impliqués sur une situation d'écran, l'ESMS défend en drop coverage. Encore une fois, rien de révolutionnaire mais les joueurs qui composent l'effectif le permettent. Lorsque l'on prend un pick et qu'il y a un intérieur comme Abdoulaye Ndoye dans raquette, on y réfléchit à deux fois avant d'aller finir proche du cercle.
En drop coverage, le défenseur du porteur de balle passe au-dessus de l'écran. Ce genre de défense pousse l'équipe adverse à prendre des tirs compliqués. Souvent des tirs mi-distance, avec un défenseur dans le dos et un grand intérieur face à toi qui dissuade la passe dans le roll et le tir proche du cercle.
Tactiquement et techniquement, l'ESMS ne fait rien de révolutionnaire ; jouer la contre attaque et pousser la balle, s'appuyer sur ses intérieurs, défendre agressivement… Certes, l'équipe est ultra coordonnée, mais c'est en grande partie l'effectif et la qualité des joueurs qui le permettent. Sur les neuf joueurs qui sont entrés en jeu lors du match face à l'ASCH, plus de la moitié ont joué à un niveau (largement) supérieur ou peuvent prétendre à jouer plus haut.
Sur certaines séquences, l'ESMS a pu aligner un cinq avec Bats - Keita - Curier - Bravin - Tichique. Impossible à défendre tellement les joueurs sont polyvalents, athlétiques, longilignes, mobiles, forts dans le 1v1. L'ESMS joue vite et peut se le permettre en partie grâce au fait que 75% de l'effectif représente une menace offensive. Il faut cependant donner du crédit à cette équipe qui doit faire face à plusieurs armadas du même niveau dans la poule B comme Garonne ou le TOAC. Sébastien Juncaa a réussi à impliquer tout le monde dans le projet alors qu'avec autant de gros noms, il y a forcément des égos à gérer. Pourtant, le tacticien a réussi à ne pas focaliser son attaque sur seulement deux ou trois joueurs et pousser l'équipe à partager la balle.
