LyonSO : faire rugir le lionceau
D'où vient ce club de NM1 qui est considéré comme la "G-League de l'ASVEL" par certains ?
LyonSO ou Lyon Sud Ouest Basket voit le jour en 2015, il rassemble 4 clubs de la métropole lyonnaise que sont Oullins St-Foy (U15 et U18 France, NM3), Saint-Genis (U15 et U18 France féminine), Pierre Bénite (ville où se situe la salle de La Canopée) et Bale.
Après la saison 2020/21 où la CTC ne participe qu'à 5 matchs de NM2 (pour un bilan de 4 victoires et une seule défaite), la FFBB accorde une wild card au club du Rhône avec comme principaux arguments la volonté de soutenir un projet dans une grande ville. Est retenu également par les instances ce lien avec un club professionnel.
Puisque c'est lors de cette intersaison que Tony Parker toque à la porte de LyonSO. Le président de l'ASVEL veut un club partenaire qui permettrait de donner du temps de jeu aux joueurs issus du centre de formation ou de la Tony Parker Adequat Academy. Une opportunité en or pour les deux structures qui va très vite fonctionner et se transformer véritablement en or.
Des débuts concluants
Dès sa première saison en NM1, LyonSO surprend tout le monde en terminant à la 3ème place de sa poule à l'issue de la phase 1. Un bilan de 18-8 dont des victoires de prestige face au Havre et à Caen. Malheureusement, en deuxième phase, LyonSO s'écroule et termine dernier de poule haute avant de s'incliner en trois matchs lors du premier tour des playoffs face au CBC.
Malgré cette baisse de régime en deuxième phase, la première saison de LyonSO en NM1 est une grande réussite : maintien largement assuré, qualification en playoffs et intégration de plusieurs jeunes du centre de formation de l'ASVEL.
Elwin Ndjock - 2m01 - génération 2001
Né à Lyon, formé à Vaulx-en-Velin, il rejoint les U18 France de l'ASVEL à 16 ans. Il réalise une saison productive en espoir en 2020/21 (17.9 pts, 3.8 rbds, 1.9 pds). L'effectif des pros est bouché, il rejoint donc LyonSO et s'impose de suite comme un joueur majeur (il terminera deuxième meilleur scoreur de l'équipe). À l'issue de la saison 2021/22, il rejoint Andrézieux toujours en NM1 où il explose (15.7 4.1 2.6), il évolue aujourd'hui à Rouen en Pro B.
Victor Diallo - 2m01 - génération 2001
Passé par le Pôle France, cet ailier rejoint le centre de formation de l'ASVEL en 2019. Il y restera deux ans avant de rejoindre LyonSO pour une seule saison plutôt discrète (5.8 pts et 16 minutes de temps de jeu en moyenne). Victor Diallo était dans l'effectif de La Rochelle lorsqu'ils sont montés en Betclic Elite, et il sort de sa meilleure saison en carrière à Boulogne sur Mer.

Kevin Kokila - 2m04 - génération 2001
Dès son arrivée, il devient pivot titulaire et réalise une saison encourageante. Sa progression est la plus impressionnante : en cinq saisons, il est passé de U18 France à Versailles à une finale de l'EuroCup avec la JL Bourg. Entre temps, il a fait escale par le centre de formation de l'ASVEL. Après une seule saison en Espoirs, il rejoint LyonSO et devient le pivot phare de l'effectif de NM1. La saison suivante, il rejoignait la JL Bourg en Betclic Elite et il devient ainsi une pièce importante dans la rotation de Frédéric Fauthoux.
Un développement intelligent mais limité
Les saisons suivantes sont moins réussies sur le plan sportif (le club n'a plus participé au playoffs depuis) mais ne perturbe pas l'objectif n°1 qu'est la formation et le développement des jeunes.
Sya Plaucoste, en difficulté au Pôle France et à Blois, va exploser en deux saisons à LyonSO (il joue plus de 25 minutes avec des moyennes supérieures à 10 pts). Son passage dans le Rhône lui a permis de réellement lancer sa carrière en rejoignant Berck, un club bien installé en NM1. Théo Rey peinait à trouver du temps de jeu après son cursus Espoirs à la JL Bourg. Après deux bonnes saisons avec le club Rhodanien, il s'est imposé comme un bon joueur de NM1 en passant par Loon Plage et Avignon. Le STB le Havre vient par ailleurs de s'attacher de ses services.

On peut également prendre les exemples de Romain Parmentelot et François Wibaut. Romain Parmentelot rejoint le centre de formation de l'ASVEL où il effectue tout son cursus U18. Lors de sa dernière année U18, il double avec les espoirs où il enregistre des statistiques impressionnantes pour son âge : 12.3 pts, 5.1 rbds, 5.7 pds. L'année d'après, il intègre l'effectif NM1 et réalise une saison remarquable. Son activité et ses progrès lui permettent de rejoindre la Pro B. Il joue désormais à Denain où il vient de resigner pour un an.
François Wibaut, âgé de seulement 20 ans (il a d'ailleurs remporté la médaille de bronze avec les U20 lors du dernier Eurobasket) évolue au SPO Rouen en Pro B avec Elwin Ndjock. La saison dernière, il faisait partie de l'effectif espoirs de LDLC ASVEL tout en doublant avec la NM1 de LyonSO. Une opportunité exceptionnelle étant donné que François n'aurait probablement pas ou très peu joué avec l'équipe professionnelle tant l'effectif est talentueux et le niveau relevé.
On constate que la formation lyonnaise excelle dans sa capacité à développer des prospects. Cependant, il est important de soulever plusieurs problèmes qui concernent LyonSO.
Les meilleurs prospects vont directement dans l'effectif professionnel de l'ASVEL comme Matthew Strazel ou Zaccharie Risacher. Privant ainsi le club des joueurs les plus forts.
Dès qu'un jeune joueur devient trop fort, il devient presque impossible à conserver car LyonSO sert de tremplin vers l'ASVEL ou vers un niveau plus élevé limitant ainsi grandement le potentiel du club. On peut mentionner Romain Parmentelot, Kevin Kokila ou Adam Atamna.
L'effectif doit par conséquent être renouvelé chaque année en prenant en compte la perte des meilleurs éléments.
La NCAA apparaît comme une menace pour les centres de formation européens depuis cet été. Yohann Sissoko, un des meilleurs joueurs de la génération 2006 qui tourne à 20pts en Espoirs quitte la France et rejoint la fac de Florida la saison prochaine.
Sortir le lion de sa cage
Cette saison, la formation du Rhône conserve son identité puisque c'est la 4ème équipe la plus jeune de NM1 (environ 24 ans). Cependant, le club a décidé d'installer Philippe Hervé au poste d'entraîneur, un coach de 61 ans avec un palmarès XXL : champion de France avec Limoges en 2015, une coupe de France, deux titres de champion de Pro B.

Un choix un peu surprenant quand on connaît l'objectif du club qui est de développer les jeunes plus que de gagner à tout prix. Pourtant, Philippe Hervé est un coach qui est prêt à relever n'importe quel défi ; il a ramené Chalon de la NM2 à la Pro A et Orléans de la Pro B à l'Euroleague en moins de 10 ans. A Lyon, il veut faire éclore de nouveaux talents tout en restant exigeant sur les résultats : "[...] on a également de l'ambition sportive, on veut avoir des résultats, gagner des matchs. Être jeune n'est pas une excuse ou une explication par rapport à des résultats ou une contre performance, je ne leur parle pas comme cela. Je manie le fait de devoir accompagner la formation de jeunes joueurs et l'exigence professionnelle." disait-il à BeBasket en début de saison tout en confirmant en janvier à notre micro un discours similaire.
PARAGRAPHE À RAJOUTER ...

Le second, c'est bien évidemment Adam Atamna. En seulement 17 minutes de jeu, il se classe deuxième scoreur de son équipe. Ce joueur né en 2007 dominait déjà la saison précédente en Espoirs avec l'ASVEL avec deux ans d'avance. Sa côte de popularité a explosé lors de l'Adidas Next Generation Tournament où il a posté des statistiques hallucinantes sur les 4 matchs effectués avec les U18 de l'ASVEL : 33pts, 7 rebonds, 56% au tir dont 48% derrière l'arc. Ce scoreur pur de 1m95, fils de Karim Atamna, a été retenu par Elise Prudhomme pour participer à l'Eurobasket U18 cet été.
La nébuleuse du basket lyonnais

Les prospects sont donc extrêmement bien encadrés et ont un chemin tout tracé de la catégorie U15 jusqu'au monde professionnel.
Les jeunes basketteurs peuvent également effectuer leurs études à la Tony Parker Adequat Academy : une autre structure qui rentre dans l'écosystème du basket à Lyon. Cette académie qui a ouvert ses portes à la rentrée 2019 propose des formations allant du lycée au Bac +5 tout en permettant aux jeunes basketteurs et basketteuses de pratiquer et d'étudier sur un site solidifié par des infrastructures exceptionnelles. Les joueurs que nous avons évoqué précédemment sont presque tous passés par là : Kevin Kokila, Romain Parmentelot, Noah Manet, Adam Atamna, Elwin Ndjock mais aussi Matthew Strazel, Kymany Houinsou et surtout Zaccharie Risacher tout comme Juste Jocyte et Dominique Malonga ainsi que Maelys Faurat chez les filles. La TPAA s'insère donc un cursus plus que complet pour les jeunes prospects.

L'un des principaux objectifs reste de développer des jeunes du club le plus titré de France mais la prolongation de Philippe Hervé et les différentes recrues pour la saison à venir, nous indiquent que LyonSO veut s'affirmer et devenir plus que "la réserve de l'ASVEL". L'arrivée de Julie Sage sur le poste d'assistant apportera également un ancrage dans le développement et la diversité des systèmes.
- promotions de Mathys Leroy (20 ans, poste 3) et Mathieu Baron (17 ans, poste 1) depuis la NM3 de Oullins St-Foy vers l'effectif NM1.
- arrivée de Matéo Landry, 24 ans, 1m91, 12 points de moyenne avec l'Eveil Récy St-Martin la saison passée en NM2.
- arrivée de Michael Nwabuzor, 29 ans, 1m88, auteur d'une première saison en France intéressante avec Metz en NM1 - 14 points, 4 rebonds et 4 passes décisives.
- arrivée de Jean-Antony Wassom-Leuko, 21 ans, 1m98, MVP d'Espoirs Pro B avec Orléans avec des moyennes de 18 points et 9.6 rebonds
- prolongation notamment de Darius Nunn, 28 ans, 1m75, le meilleur joueur de l'effectif la saison passée qui tournait à 14 points et 5 passes décisives.
La saison prochaine s'annonce donc prometteuse pour LyonSO qui continue de faire le choix de la jeunesse tout en conservant certains cadres de l'effectif. On souhaite qu'un nouveau prospect va éclore sous les couleurs blanches et noires. Et surtout, on veut voir le club du Rhône en playoffs l'année prochaine : faites sortir le lion de sa cage !
Un dossier réalisé et écrit par Zadig Marvyle avec la participation de G.C